Préface de Federico Mayor pour la collection Enfants d'ici, contes d'ailleurs
On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
Antoine de Saint-exupéry Le Petit prince
Contes du monde pour illustrer le monde.
Contes qui résument la sagesse de ceux qui ont vécu intensément et parcouru de longs chemins parfois tortueux, parfois inhospitaliers.
Contes de ceux qui ont affronté chaque jour les défis qui se présentaient à eux pour ne retenir que le meilleur de leur expérience, leur plus grand trésor, et le transmettre aux générations suivantes.
Contes de toujours pour toujours.
Contes attirants, inspirés, exemplaires.
Contes qui encouragent, au fil de leurs mots et de leurs images, la cohésion entre les générations, l’intégration sociale et culturelle, les valeurs de l’amitié, de la générosité, de la solidarité, de la justice, du respect et du partage …
Bref, des contes nés de cultures et de langues différentes, illustrés par le langage universel des dessins et des couleurs. Des contes et des images de toutes tonalités et de toutes nuances qui apréhendent et reflètent la diversité infinie des êtres humains. Cette diversité sous-tendue par des principes universellement reconnus qui fondent sa force et témoignent du pouvoir indomptable du cœur et de l’esprit.
Autant de textes et de peintures porteurs d’émotions et de savoir aptes à forger la personnalité des enfants en éveillant leurs facultés profondes de création intellectuelle et artistique. Au-delà des mots, les arts plastiques prolongent ainsi les messages d’auteurs et d’acteurs ressortant des différentes communautés minoritaires, avec toute la fraîcheur, la spontanéité et la délicieuse maladresse de la jeunesse explorant passionnément ces chemins de découverte.
A travers ces contes multiples qui reflètent des civilisations et des styles de vie si différents, les enfants prennent conscience de leurs origines, de leur lignée, de leur histoire. Mieux encore – et ceci a un extraordinaire pouvoir de formation – peuvent ainsi s’interroger sur les thèmes fondamentaux pour lesquels federico garcía lorca réclamait recueillement et méditation : la vie, l’amour, la souffrance, la compagnie, la solitude, la mort… ils apprennent ainsi à séparer le blé de l’ivraie, à distinguer l’essentiel du dérisoire, à identifier les vraies valeurs qui leur permettront de s’orienter en toutes circonstances, à découvrir, enfin, le sens profond de certains mots-clés, pour lesquels salvador espriu – " j’aurai vécu pour vous préserver quelques paroles " - déploya tant d’effort de clarification.
Des contes qui confirment que la pédagogie suprême est celle de l’exemple, celle qui suscite des histoires aux héros desquelles les enfants peuvent s’identfier tout en apprenant à aimer, à admirer et à respecter les " autres ". À cohabiter – dans l’imaginaire et dans la vie réelle – avec des enfants d’autres cultures. À partager. À tendre la main. À sourire. À vivre.
Imagine-t-on combien de notes, de sons, de rythmes uniques ont été produits à travers le temps ? Combien de contes – tout aussi uniques – ont été racontés au fil des âges, sous toutes les latitudes ? Cette première moisson de contes issus des cultures arménienne, berbère, kurde et tsigane contribue à la sauvegarde de quelques chefs-d’œuvre de ce fabuleux patrimoine culturel inédit.
Marchons dans le sillage de ces admirables conteurs. Laissons-nous porter par la musique de leurs mots et la beauté de leurs images. Mettons-nous à l’écoute des poètes et des sages. Laissons-nous envahir par le chant des hommes. Car tout vient du cœur, tout est porté par l’énergie de l’amour.
Federico mayor
Mars 2002
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