Quelque part dans le temps et dans l'espace, sur une plan?te qui ressemble ?tonnamment ? la n?tre... Romuar, un petit gar?on au rire ?clatant, constate avec effroi que le c?ur de ses proches se couvre d'une fine pellicule de pierre, et que chacun sombre dans l'?go?sme. Fort d'un enthousiasme en tous points magique, il entreprend alors de sauver le monde... D?but d'une longue aventure, fertile en rencontre ?tranges et en terribles affrontements. Une ?toile filante, un dauphin joyeux, des vents complices et une mer aux pouvoirs suprenants l'assisteront dans son entreprise et lui permettront d'accomplir sa mission...

Comment vivre heureux et conqu?rir la paix ? Par quels moyens pr?server la beaut? du monde ? Quel est le r?le de l'art ? Comment concr?tiser ses r?ves ? Autant de questions essentielles qui trouvent r?ponse dans ce conte m?taphorique sensible, ludique et clairvoyant dont la morale tient en une seule phrase : l'avenir appartient aux enfants.

Un soir, cependant, le ciel lui para?t d?cid?ment trop noir. Il se souvient alors d'avoir emport? ses pinceaux. Il les d?balle avec ses aquarelles mais, trop press?, il tr?buche dans ses tubes et les couleurs ?claboussent la toile du ciel.
F?ch? de sa maladresse, l'Enfant arrache l'orange d'un arbre et la lance rageusement dans le ciel. Et c'est alors que quelque chose d'extraordinaire se produit : l'orange se met ? danser, danser avec les couleurs, avant de se poser au milieu du ciel en brillant, un tout petit peu d'abord, puis de plus en plus fort, tout en descendant lentement vers l'horizon.
C'est splendide. L'Enfant s'assied par terre et r?ve longtemps, avant de s'endormir, un sourire fleurissant sur ses l?vres.

YEHUDI MENUHIN<br><br>R?FLEXIONS SUR ROMUAR

L?all?gorie de Marianne Poncelet, c?est la v?rit? profonde exprim?e en fantaisie. C?est la v?rit? de la vie repr?sent?e par Romuar : lumineuse, color?e, vibrante et toujours fluide, changeante, mouvement?e et n?anmoins en ?quilibre dynamique.

C?est la mort qui est l?agent de cet ?quilibre et qui en permet la continuit? m?me : belle, in?vitable, essentielle ? la vie.

Mais alors, le vrai fl?au, la vie " morcel?e ", c?est de vivre la mort, la n?gation de tout ce qui est la vie, en imposant la rigidit? ? la fluidit?, en r?duisant l?homme m?me en parcelles carr?es, la vie en conserves rang?es docilement, " carr?ment " dans un superbe supermarch? ?galement carr?, peupl? par des corps et des t?tes carr?es, aux c?urs p?trifi?s, carr?s eux aussi.

L?homme, toujours obs?d? par la peur de la mort, cherche ? usurper un droit qui n?est pas le sien en imposant aux autres ce qu?il craint le plus. Ce faisant, il viole de ses propres mains la loi universelle qui exige l?acceptation sans r?serve de ses propres limites. Tiraill? par le d?sir de donner la mort et celui de cr?er la vie, il reste prisonnier de lui-m?me, car ni l?une ni l?autre ne d?pendent de lui. La seule cr?ation qui lui est accord?e est l?art : une cr?ation toute symbolique d?ailleurs, qui n?est rien d?autre que la traduction d?un ?lan vital qui le d?passe et devant lequel il lui convient de pratiquer l?humilit?. Car finalement, l?art aussi lui ?chappe.

Et pourtant l?homme veut tout dominer. Il croit le faire en massacrant ses semblables, au lieu de chercher en lui-m?me, dans son c?ur et dans son ?me, cet ?l?ment ?ternel et universel qui lui accorderait le privil?ge de partager une vie sans fin.

J?aimerais que chaque enfant de sept ans puisse lire ce petit livre. Il en tirera des v?rit?s qui l?accompagneront pendant toute sa vie. Il saura comment poursuivre le vrai travail, l?obligation ?ternelle de chaque humain de transformer le dur et le brutal en tendresse et en subtilit?, le fruste en raffin?, la laideur en beaut?, la confrontation en collaboration, l?ignorance en connaissance, retrouvant ainsi le r?ve de l?enfant dans une r?alit? cr?atrice sans cesse renouvel?e par la mort, servante de la vie et par la vie, servante de l?amour.


Yehudi Menuhin

Sit?t <i>Romuar</i> achev?, Marianne Poncelet en adressa le manuscrit ? Yehudi Menuhin dont l'humanisme l'avait inspir?e. En retour, ce dernier lui offrit spontan?ment ce superbe ?cho ( voir <i>R?flexions sur Romuar</i> ci-dessus) qui prend, aujourd'hui, une r?sonance singuli?re.

La gaiet? et l'enthousiasme de l'enfance, seules capables de r?inventer le monde, servies par un r?cit alerte, pudique et tendre dans lequel la tendresse d?samorce toute violence.

Marianne PONCELET

M. HAEGHENS