Le 15 août 1944, des troupes venues d?Afrique du Nord et d'Amérique débarquaient en Provence, apportant une contribution décisive dans la lutte contre l'occupant.

Qui étaient donc les hommes et les femmes de cette force cosmopolite ? D'où venaient-ils ? Comment se préparèrent-ils ? Quels furent leurs espoirs, leurs amours et leurs craintes avant, pendant et après l'événement ? Autant de questions qui trouvent réponses dans ces évocations, récits et chroniques de grande densité.

En véritable ethnologue, Philippe Lamarque brosse le portrait vivant de ce demi-million d'acteurs issus de douze nationalités différentes, engagés dans l'une des batailles majeures de la Deuxième Guerre mondiale. Et restitue leur parcours civil et militaire avec d'autant plus de brio que son sens aigu de la psychologie et de l'histoire se double d'un rare talent à restituer le climat si particulier de l'époque.

(...) Cahin-caha, les colonnes de tirailleurs algériens et de tabors marocains investissement l'arrière-pays au nord de Toulon. En tête, les reconnaissances aperçoivent Le Beausset et Bandol, où les éléments les plus avancés prennent de sérieux risques. Au mépris de toute logique, un groupe de blindés et de fantassins, commandé par des officiers bagarreurs, séaventure en direction de Marseille, dépasse la cuvette de Cuges-les-Pins après un combat aussi violent que bref, puis force le passage au col de l'Ange, faisant littéralement sauter le bouchon retardateur. Sur les premiers plissements des Alpes de Haute-Provence, chaque cloison de terrain impose un rythme aux défenseurs et aux assaillants. Même si l'effet de surprise ne joue pas, les Feldgraue qui battent en retraite ne savent pas de combien de temps ils disposent pour creuser fébrilement quelques trous d'hommes et enfouir des mines, tandis que les sous-officiers du Génie bâclent un brouillon où ils espèrent se retrouver sans sauter sur leurs propres pièges. Là où le sol est trop caillouteux pour y lover ces petites gâteries, les sapeurs improvisent des obstacles pour barrer la route, qu'ils garnissent comme des sapins de Noël avec des mines et des pièges. L'un des ingrédients favoris consiste à caler une grenade dégoupillée dans une boîte de conserve en coinçant la cuiller contre le bord, de façon à faire choir l'engin lorsqu'un visiteur importun vient bousculer l'équilibre instable.

À l'encontre de l'opération "Overlord", le Débarquement en Provence fait figure de "parent pauvre" dans la mémoire collective. Ce qui constitue tout à la fois une erreur d'appréciation historique et une véritable injustice. D'où l'importance de cet ouvrage qui restitue dans le même élan la réalité intime des êtres et celle des événements.

Tous les événements, décors et personnages des différentes nouvelles qui composent ce recueil sont directement inspirés de la réalité.

Une évocation sensible et rigoureuse d'une opération majeure de la Seconde Guerre Mondiale.

Philippe LAMARQUE