Sapeur-pompier depuis plus de trente ans, le caporal-chef Michel Delneaux ne se présente pas à l'appel du matin, le jeudi 29 septembre. En proie au doute et à la lassitude, il tourne le dos à la caserne et s'enfonce dans la forêt toute proche, tandis que défilent les images de ses interventions passées. Assailli par les drames dont il a été le témoin, déçu par une société marquée par la peur, la violence et l'indifférence, il s'interroge sur l'utilité Réelle de sa mission. Peu à peu, il se détache de sa ligne de vie...
Mais peut-on vraiment démissionner quand on a pour devise : « S'il y a des vies qui vous sont chères, pour nous elles le sont toutes » ?

Une réflexion d'une rare puissance sur l'engagement personnel et professionnel des hommes du feu, qui délivre un magnifique message de solidarité, d'espoir et d'amour.

Huit heures moins cinq. Je m'arrête. Je suis là, debout, sur le trottoir, face à l'entrée de la caserne, face au standard. Je n'ai pas le coeur à sourire, ce matin. Mes collègues ne remarquent rien, pourtant. Cela m'étonnera toujours, de pouvoir ressentir quelque chose profondément, et de voir les autres ne même pas s'en rendre compte. La vie se cache. Nous nous cachons. C'est sans doute mieux ainsi. Non, je n'ai pas le coeur à sourire. Je suis sûr que je n'ai même pas répondu au salut de certains camarades tant je n'y suis plus.
Je regarde. Devant moi se croisent ceux qui terminent leur service, la garde descendante. Certains ont les traits tirés. Les visages sont blêmes. Les gars n'ont pas dû dormir beaucoup. À ce moment, je pense surtout à certains volontaires qui, après une nuit blanche, peut-être, à sauver des vies, à rendre service, n'ont parfois que le temps de prendre une douche avant d'assurer leur journée d'usine. Difficile de ne pas éprouver de l'estime pour eux, car s'ils étaient là rien que pour l'argent, ils auraient décroché depuis longtemps. S'ils restent, c'est parce qu'autre chose les anime. Et puis il y a ceux qui commencent leur journée, la garde montante, tout statut confondu, cette fois. Là, les visages sont détendus, reposés. Garde montante et garde descendante se saluent, se serrent la main.

Écrivain en prise directe sur le réel, Fabrice Paulus conjugue harmonieusement la réflexion et l'action, en menant de front une oeuvre littéraire (cinq livres parus) et son métier de sapeur-pompier.

Sapeur pompier à Charleville Mézières, par engagement citoyen, Fabrice Paulus s'est inspiré de son expérience professionnelle pour brosser un tableau vivant et plein d'espoir d'une sociétéen manque de repères.

Une vision constructive de l'homme et du monde, une réflexion d'une rare puissance sur l'engagement personnel et professionnel, un magnifique message d'espoir et d'amour.

Fabrice PAULUS