Résumé
Février 1745. Jeanne-Antoinette Le Normant d'Étioles est présentée au Roi Louis XV au cours d'un bal masqué organisé à l'occasion du mariage du Dauphin Louis-Ferdinand avec l'infante Marie-Thérèse d'Espagne. Sa beauté, sa jeunesse (elle a 24 ans) et son esprit enflamment le monarque dont elle devient bientôt la favorite. Début d'une passion sans réserve, indifférente à la réprobation du Clergé et de la Cour, qui se prolongera avec autant de force dans l'amitié et la tendresse.
Intelligente, curieuse et passionnée par les Arts dont elle se fit la protectrice - combien de peintres, de sculpteurs et d'écrivains lui furent redevables ! - Madame de Pompadour s'impose alors comme l'une des figures majeures du Siècle des Lumières.
Argument(s)
Dans un style empreint de l'esthétisme et de la sensualité de l'époque, Martial Debriffe brosse le portrait intime et novateur de cette grande Dame dont l'influence, bien plus que l'action politique souterraine, fut déterminante. Et qui demeure à jamais la figure emblématique de l'aristocratie du XVIIIe siècle.
Extrait(s)
PROLOGUE
Versailles le 15 avril 1764 : par cet après-midi de printemps, la Marquise de Pompadour, assise dans son fauteuil tendu de brocart rose et bleu songe... Elle songe aux promenades dans les jardins du Roi, sa robe de soie frôlant les parterres que colorent chaque année, en cette saison, jacinthes et tulipes dans le parfum des lilas... Ah ! Ces allées royales ! L'essence même du bonheur !
Bientôt la nuit tombe, l'arrachant peu à peu à cette plongée en elle-même, pour la laisser lasse, le souffle court, les traits profondément altérés par la souffrance. Ses épaules amaigries s'affaissent et la favorite sent sa tête se pencher, son menton s'incliner sur sa poitrine. Elle se redresse et trouve assez de force pour se réfugier tout au fond de son cabinet pour ne plus entendre les bruits de la cour qui montent jusqu'à elle. Dans le miroir à peine éclairé d'un reste de bougie elle regarde, incrédule, ce corps, ce visage, qui furent en un temps si beaux et si parfaits que la France entière - et même la Reine ! - les considéraient naturellement comme des « morceaux de Roi » !
La Marquise sait maintenant que dans son milieu on ne naît pas « morceau de Roi » ! C'est une longue et difficile conquête que de donner du bonheur à un prince pendant près d'un quart de siècle... Il ne suffit pas de le captiver par la flamme de vos yeux et d'éveiller ses désirs ! Au Roi, le maître souverain, il faut offrir encore le plus difficile à acquérir, quand on vient au monde loin de la cour où s'agite une noblesse entichée de ses quartiers et de son art de vivre : l'esprit, l'intelligence, le goût, l'innovation !
Malade, consciente que ses dernières heures approchent, Jeanne-Antoinette pense au Roi. Que deviendra-t-il sans elle ? « Un Roi sans divertissement est un homme plein de misère ! » s'était écrié Pascal ! Oui, mais elle a su pen-dant toutes ces années l'empêcher de sombrer dans cet ennui lié à son rang et qui, de plus, semble chez lui un trait de caractère inné. Qui pourrait offrir à son Souverain cette nécessaire amitié née doucement de leur passion et qui a uni leurs coeurs dans la fidélité ?
Point(s) fort(s)
Écrivain et homme de théâtre, Martial Debriffe est l'auteur de biographies remarquées, parmi lesquelles Madame Élisabeth, princesse martyre et La Duchesse de Bourgogne, (Les 3 Orangers) qu'il adapte pour la scène.